Cartographie de la Datasphère
Notre recherche vise à développer des outils pour mieux comprendre et représente
Un pan important de la littérature explore la relation entre géographie et pouvoir. La connaissance géographique a de longue date été considérée comme un instrument de pouvoir pour les Etats-Nations (Lacoste 2012).
Or la cartographie de l’espace numérique reste un défi et à l’heure du Big Data, les plates-formes du Web possèdent un niveau d’information spatiale supérieur à la plupart des Etats. La relation entre géographie et pouvoir doit ainsi être reconsidérée. A l’instar de Dodge et Kitchin (2001), diverses initiatives ont tenté de cartographier la géographie de l’infrastructure physique ou celle de la connectivité (Dyn Research, Caida, Telegeography).
Des géographes utilisent le Web pour collecter des données dans des systèmes d’information géographiques et produire des représentations de divers phénomènes comme le trafic automobile, les conflits sociaux ou les épidémies virales (Batty 2013; Zook et al. 2010). Peu, en revanche, se sont intéressés à la morphologie même de la datasphère, à sa dimension topologique et au rôle des nouveaux acteurs du numérique dans la connaissance du territoire (Kumar 2010).
Enfin, les chercheurs ne se sont intéressés que récemment au pouvoir des plates-formes (Weber 2017, Douzet et al. 2015, Frénot et al. 2014), et à leurs implications stratégiques pour les Etats. Les travaux menés par notre équipe sur l’inférence et la représentation cartographique de la structure de la connectivité d’un Etat à partir de données BGP (Border Gateway Protocol) et l’analyse de leurs enjeux stratégiques sont pionniers en géopolitique (Douzet et al. 2020 ; Ermoshina 2018).