Le pouvoir des cartes, avec Amaël Cattaruzza et Guilhem Marotte

Le pouvoir des cartes, avec Amaël Cattaruzza et Guilhem Marotte

RFI
21 octobre 2025

Au Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges, les cartes ne se contentent plus de représenter le monde : elles participent à le façonner. C’est autour de cette idée que RFI a réuni notamment Amaël Cattaruzza, professeur des universités à l’IFG et Guilhem Marotte, cartographe de l’IFG, pour explorer les liens entre pouvoir et cartographie. L’échange a eu lieu lors de la 36ᵉ édition du Festival International de Géographie, dont Amaël Cattaruzza assurait la direction scientifique.

La carte, un instrument de pouvoir

Pour Guilhem Marotte, « la cartographie sert à pouvoir » : elle n’est pas seulement un merveilleux outil d’analyse spatiale, mais aussi un outil didactique permettant de comprendre et de transmettre des logiques de domination, d’influence ou de résistance. Selon lui, les cartes ont un caractère performatif, elles agissent sur le réel et ne sont jamais neutres.

Révéler les rapports de domination

Amaël Cattaruzza souligne quant à lui que « la carte nous permet aussi de révéler des phénomènes de pouvoir qu’on ne verrait pas autrement ». Il insiste sur l’importance du travail de décentrement engagé aujourd’hui par de nombreux géographes, chercheurs et chercheuses, qui souhaitent redonner sa place au Sud dans la représentation du monde. Cette réflexion critique sur la position du chercheur et sur les méthodologies dominantes en Europe est, selon lui, essentielle pour construire une cartographie plus équilibrée et consciente de ses biais.

Le numérique, nouvel espace de pouvoir

Tous deux s’accordent également sur l’importance croissante du numérique, de la datasphère et du cyberespace dans les nouveaux rapports de pouvoir. Comme le rappelle Amaël Cattaruzza, « le domaine numérique est devenu omniprésent dans l’ensemble de nos sphères d’activités ». Ces espaces virtuels peuvent eux aussi être cartographiés, révélant des inégalités profondes dans l’accès aux technologies et à l’information, un enjeu que Guilhem Marotte juge central pour comprendre les fractures contemporaines.

Entre outils de domination et instruments d’émancipation, les cartes participent autant à dessiner le monde qu’à le raconter.

 

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