En Iran, le pouvoir coupe Internet, avec Frédérick Douzet et Kavé Salamatian
30 juin 2025
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Depuis l’attaque israélienne contre l’Iran le 13 juin, les autorités de Téhéran ont considérablement renforcé leur contrôle sur l’espace numérique national. Ce durcissement s’est traduit par une coupure totale d’Internet à partir du 18 juin, isolant le pays du reste du monde. Une décision lourde de conséquences, tant sur le plan interne qu’international.
Une souveraineté numérique assumée
Pour Frédérick Douzet, professeure des Universités à l’IFG et directrice de GEODE, et Kavé Salamatian, professeur des Universités et chercheur associé GEODE, cette coupure n’est pas une surprise. Elle s’inscrit dans une stratégie de longue date de l’Iran visant à se doter d’un Internet national contrôlé. « Les autorités disposent déjà d’un écosystème numérique propre, avec des plateformes alternatives aux réseaux sociaux occidentaux, et d’un maillage d’infrastructures centralisé », expliquent-ils.
Ce contrôle resserré, couplé à des capacités techniques de filtrage et d’interception avancées, permet au régime de désactiver Internet à l’échelle du pays. Ce geste radical intervient dans un contexte de vulnérabilité perçue du régime, alors que les tensions régionales atteignent un pic.
Cette coupure n’est donc pas uniquement un outil de sécurité : elle traduit une volonté politique d’empêcher toute contestation intérieure et de contenir la circulation d’informations sensibles.