Serbie : un an de contestation, avec Amaël Cattaruzza

France culture
4 décembre 2025

Amaël Cattaruzza, professeur à l’Institut Français de Géopolitique et chercheur associé GEODE, revient dans l’émission Culture Monde sur l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad et les mobilisations que cela a entrainées dans toute la Serbie.

Un drame devenu symbole national de la corruption

Le 1er novembre 2025, un an après l’effondrement qui a causé la mort de 16 personnes, la Serbie a observé 16 minutes de silence en hommage aux victimes. Près de 100 000 personnes se sont rassemblées pour commémorer cette tragédie, désormais érigée en symbole de la corruption systémique du pays.

Le fait que l’auvent se soit écroulé seulement quelques mois après la rénovation de la gare a mis en lumière l’ampleur des dérives du régime. Ce drame a suscité une profonde colère et a servi de déclencheur à un mouvement de contestation qui s’enracine depuis un an.

Une remise en cause du pouvoir serbe

Ce mouvement initié par la génération Z s’est progressivement étendu à l’ensemble de la population. Les slogans : « vous avez du sang sur les mains », « pas de retour en arrière », montrent que la population n’a plus peur du régime et qu’elle est prête à se battre pour une Serbie alternative. Le mouvement de contestation demande au président Aleksandar Vučić de nouvelles élections pour en finir avec le clientélisme et le contrôle de l’information afin de laisser place à la transparence et à l’état de droit.

Une contestation qui remet en cause le pouvoir serbe

D’abord portée par les étudiants et la génération Z, la mobilisation s’est rapidement élargie à l’ensemble de la société. Les slogans tels que « Vous avez du sang sur les mains » ou « Nema nazad » (pas de retour en arrière) traduisent la détermination d’une population qui ne craint plus le pouvoir et réclame une alternative politique.

Les manifestants exigent notamment la tenue de nouvelles élections, la fin du clientélisme et un véritable accès à une information libre, afin de restaurer la transparence et l’État de droit fragilisé par le régime d’Aleksandar Vučić.

Un rapport ambigu à l’Union européenne

Si les manifestants défendent des valeurs démocratiques proches de celles de l’Union européenne, leur mobilisation ne s’inscrit pas pour autant dans une logique pro-européenne. Le mouvement, largement apolitique, reproche à Bruxelles son indulgence envers les dérives du pouvoir serbe, jugée incompatible avec la défense de ses propres principes démocratiques.

Les contestataires estiment que l’UE privilégie avant tout ses intérêts stratégiques et économiques, qu’il s’agisse de questions énergétiques, minières ou d’armement, au détriment d’une position ferme sur l’État de droit en Serbie.

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