Conflit Iran/États-Unis, avec Héloïse Fayet

Héloïse Fayet, doctorante à l’IFG, chercheuse associée GEODE et à l’IFRI, éclaire les conséquences des frappes conjointes menées par les États-Unis et Israël contre plusieurs installations nucléaires en Iran. Sollicitée par de nombreux médias, elle analyse les ressorts stratégiques, diplomatiques et militaires d’une opération qui rebat les cartes de la sécurité régionale.

Le programme nucléaire iranien au cœur des tensions

Dans la nuit du 21 au 22 juin, les forces américaines et israéliennes ont lancé l’opération “Marteau de minuit”, visant les sites nucléaires sensibles d’Ispahan, Natanz et Fordo. Deux jours auparavant, le 20 juin, des pourparlers avaient eu lieu entre diplomates iraniens et représentants européens afin de désamorcer les tensions par la voie diplomatique. Mais pour le président Donald Trump, ces discussions se sont révélées “improductives”. L’administration américaine présente dès lors cette frappe coordonnée comme la seule réponse crédible face à ce qu’elle considère comme l’échec d’une diplomatie jugée inefficace.

Une frappe qui divise la scène politique américaine

La riposte militaire a provoqué de vives réactions à Washington, y compris au sein du Parti républicain. Héloïse Fayet souligne l’existence d’ “une fracture profonde” entre les tenants d’une ligne dure et les défenseurs d’une approche négociée. Cette polarisation interne, observe-t-elle, réduit considérablement les chances de ramener l’Iran à la table des négociations dans un climat de confiance. Elle affaiblit également la cohérence stratégique américaine à l’international.

Une dissuasion iranienne fragilisée 

Alors que Donald Trump a salué une “action décisive” ayant “effacé” la menace nucléaire iranienne, Téhéran dénonce un “crime” et promet une riposte “ferme”. Pour Héloïse Fayet, l’opération marque un tournant dans l’équilibre régional : elle met à mal la doctrine de dissuasion iranienne, fondée sur une profondeur stratégique régionale, un arsenal balistique robuste et une ambiguïté entretenue autour de ses capacités nucléaires. Toutefois, l’Iran conserve une capacité latente, alimentant une incertitude persistante quant à ses intentions futures.

Le spectre d’une escalade régionale

Alors que les frappes israéliennes se poursuivent et que l’armée iranienne, bien qu’affaiblie, se prépare à des ripostes de courte portée, l’escalade semble désormais inévitable. Fayet alerte sur les risques d’une rupture stratégique majeure pour la stabilité du Moyen-Orient, mais aussi pour le régime mondial de non-prolifération. La pression croissante sur l’Iran pourrait en effet ouvrir la voie à un renforcement des logiques de confrontation, alimentant une dynamique de militarisation durable dans la région.

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*journal argentin