Les opérations européennes de déstabilisation en Russie, avec Maxime Audinet

France Culture
16 décembre 2025

Sur France Culture, Maxime Audinet, chercheur associé GEODE et à l’IRSEM, spécialiste des politiques d’influence russes analyse l’existence d’éventuelles opérations de déstabilisation européennes en Russie et les compare à celles menées par Moscou en Europe. Selon lui, les États membres de l’Union européenne ne recourent pas à des stratégies d’ingérence informationnelle fondées sur la désinformation massive, en raison de différences profondes de cultures stratégiques et de normes éthiques.

Il distingue toutefois le cas particulier de l’Ukraine, qui, confrontée à l’invasion de son territoire, mène des actions directes contre la Russie, notamment des cyberattaques et des frappes de drones sur des infrastructures stratégiques. Ces opérations, telles que l’opération Spider Web qui a touché des régions en Sibérie, s’inscrivent dans un contexte de guerre ouverte et ne peuvent être assimilées aux pratiques européennes.

Face aux opérations russes de déstabilisation, ingérences électorales, cyberattaques, sabotages ou actions symboliques comme les étoiles de David ou les mains rouges, l’Union européenne a développé des dispositifs de protection et de riposte. En France, l’agence Viginum est chargée de surveiller et de contrer les ingérences numériques étrangères. Au-delà des outils techniques, l’objectif est également de sensibiliser l’opinion publique à ces menaces, qui visent à fragiliser les démocraties libérales et la cohésion sociale.

Maxime Audinet insiste sur l’importance de penser ces opérations dans un continuum stratégique : du point de vue russe, les cyberattaques, sabotages et actions symboliques en Europe s’inscrivent dans la continuité de la guerre menée en Ukraine et des modes de conflictualité sous le seuil de la guerre ouverte.

L’attribution de ces opérations est complexe, mais possible grâce aux enquêtes numériques et à l’identification d’acteurs relais ou de structures liées au Kremlin, comme la Social Design Agency, ou de proxies provenant d’Europe centrale et orientale, souvent proches idéologiquement de la Russie. Certains acteurs sont même externalisés par les services de renseignement russes (GU, FSB), y compris des citoyens ukrainiens pro-russes, afin de mener des actions tout en effaçant les traces de Moscou.

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